
Ce n’est pas seulement une question de prononciation : le ton, l’intonation et le rythme donnent ensemble une sonorité unique et dépaysante.
Je vous aide à trouver des points de repère pour mieux comprendre et ressentir cette musicalité particulière.
Ton vs Intonation
Une langue tonale est une langue où le ton dans lequel un mot est prononcé peut changer le sens de ce mot. En d’autres termes, la hauteur relative de la voix lors de la prononciation d’un mot, peut donner à ce mot une signification différente. Le chinois est la langue tonale la plus connue. Le français n’en est pas une.
Prenons le mot « ma » comme exemple :
mā (ton haut constant) signifie « mère ».
má (ton montant) signifie « chanvre ».
mǎ (ton descendant puis montant) signifie « cheval ».
mà (ton descendant) signifie « insulter » ou « réprimander ».
ma (sans ton) est une particule de question.
Si vous changez le ton de votre voix en disant « ma », le mot peut désigner votre mère, du chanvre, des chevaux, une insulte, ou même servir à poser une question — tout dépend du ton que vous utilisez.
Dans une langue tonale, chaque mot porte un ton précis. Cette contrainte limite les variations d’intonation qu’on perçoit au niveau de la phrase, comme c’est le cas en français.
Ainsi, à l’oreille, les phrases françaises semblent souvent plus mélodieuses. Cette intonation transmet des nuances émotionnelles, mais elle ne modifie pas le sens des mots. En revanche, en chinois, chaque caractère doit garder son ton exact, ce qui rend parfois les phrases plus monotones. Pour compenser, la langue chinoise utilise de nombreuses particules modales en fin de phrase — comme « 啊 », « 呀 », « 哈 » — qui apportent plus de relief et de variété prosodique aux énoncés.
Sons de certaines finales 辅音, difficiles à reproduire
- Les sons rétroflexes : Ce sont des sons qui sont prononcés avec la pointe de la langue repliée vers le palais. Les consonnes rétroflexes du mandarin sont : « zh » « sh » « er » (voir le chapitre suivant destiné à ce son très spécifique en chinois). Les personnes dont la langue maternelle n’a pas ces sons, peuvent avoir du mal à les distinguer et à les reproduire.
- Les sons aspirés vs non aspirés : Le mandarin distingue des sons comme p/b, t/d, k/g, etc. selon qu’ils sont aspirés ou non. Par exemple, « p » en pinyin est un son aspiré, tandis que « b » est non aspiré. Aucun de ces sons n’est voisé, ni comme le français, ni comme l’anglais, ce qui peut causer des confusions.
- Les sons « x », « j », et « q » : Ces sons sont particuliers en mandarin, et n’existent pas dans de nombreuses autres langues.
- L’absence de certaines consonnes : Le mandarin n’a pas de sons v et th, comme en anglais ou en français.
- Le « h » guttural : Le « h » en mandarin est plus guttural que dans des langues, comme le français ou l’anglais. Il ressemble à « r » en français.
- Les sons « n » et « ng » : quand ils se trouvent à la fin de syllabe, le premier représente un son nasal à l’avant, et le deuxième nasal mais à l’arrière. Notons que « ng » n’est qu’un seul son, non pas la combinaison de « n »+ »g ».
儿化音 “er” rétroflexe
Pour dire simplement, à partir du son anglais « schwa » (en phonétique. Il est représenté par ce symbole ([ə])), enroulez la pointe de la langue vers l’arrière du palais, vous obtiendrez ce fameux “er” rétroflexe 儿化音.
Maitenant place aux oreilles avec le texte ci-dessous.

écoutez d’abord la version avec « er » rétroflexe très appuyé:
comparez avec la 2ème version sans « er » rétroflexe:
La différence est flagrante, n’est-ce pas?
Chaîne parlante et l’inflexion de tons 语流音变
En mots simples, une fois vous avez su prononcer chaque ton, vient un plus grand défi, c’est de les enchaîner, d’une manière rapide et fluide. Vous ressentirez sûrement des difficultés à enchaîner certains discours, lesquelles proviennent surtout des tons, non pas aux sons, figurez-vous.
Ces difficultés sont tout à fait normales, et c’est précisément là que l’inflexion de tons, peut aider à les surmonter. Les locuteurs natifs font cela, sans même s’en rendre compte. Pour les étudiants en chinois, comme langue étrangère, l’assimilation de ce concept peut grandement faciliter leur expression orale.
Accentuation des syllables
Une fois de plus, la manière dont l’accentuation des syllabes est utilisée en chinois diffère significativement de l’anglais ou du français. Pour ces deux langues, prendre l’accent (tonique) ou le perdre se joue sur la longueur du phonème. Cependant, en chinois, un son qui n’est pas accentué devient atone, ce qui signifie qu’il perd son ton.
Pour conclure
En somme, la complexité de la langue chinois réside en grande partie dans ses structures tonales et phonétiques.
L’apprentissage des tons, l’intonation, l’inflexion tonale et l’accentuation des syllabes peuvent sembler intimidants au début, mais avec de la pratique et de la patience, ils deviennent progressivement une seconde nature.