Les caractères chinois ressemblent à une tâche noire pour les non-initiés et beaucoup de mes élèves sont intimidés par des a priori.
Il est très important d’avoir une bonne compréhension de la construction de ces caractères pour aiguiser les yeux. Une fois on a compris la logique interne de l’écriture chinoise, laquelle est plutôt un système ingénieux, la mémorisation s’avèrera beaucoup moins fastidieux.
En termes simples, les traits se fusionnent pour constituer des radicaux. Ces radicaux sont ensuite utilisés pour créer des caractères. Ces caractères sont par la suite assemblés pour former des mots, des groupes de mots et des phrases.
les traits 笔画: les briques de base
Les traits vous aident à tracer avec précision les caractères, mais ils n’ont pas de son, ni de sens, c’est de l’ordre de graphisme. Quand vous pratiquez la calligraphie, il est nécessaire de s’y tarder pour les tracer dans des différents styles existants au cours de l’évolution historique de cette écriture et forger le sien à forcer de vous exercer.
On utilise souvent le caractère 永 pour illustrer l’ensemble des traits simples. Les traits sont aussi les coups de pinceau de base de la calligraphie.
Les radicaux: clé de la mémorisation
Les traits forment les radicaux: Par exemple, 2 points et 1 relevé forme le radical signifiant eau.
Le radical eau, à son tour, s’associe à d’autres radicaux pour former une panel des caractères différents:
Vous avez remarqué que le radical de 氵et 永 forment 泳? 氵est le radical sémantique (celui qui donne le sens) et 永 radical phonétique (celui qui donne la prononciation). Ces caractères de formation phono-sémantiques représentent 70% des sinogrammes.
Les radicaux peuvent non seulement s’alignent en gauche/droite, mais aussi en supérieur/inférieur:
Voire en intérieur/extérieur ou super-composé.
Ce que les lettres en alphabet latin ne peuvent pas faire! N’est-ce pas ingénieur?
Toute de même, il faut reconnaître que beaucoup de caractères ont aussi perdu sa logique de construction à cause de la vicissitude du temps, et deviennent tels qu’ils sont aujourd’hui et ils sont simplement à mémoriser, la conventionalité étant la première caractéristique d’une quelconque langue.
Au-delà des caractères: frontière mouvante entre les unités
Une fois on atteint le niveau des caractères, la suite peut être schématisée de la manière suivante :
En français, un mot est suivi d’un espace, donc le marqueur est clair et il est facile de les identifier.
Ce n’est pas le cas en chinois: il n’y pas d’espace dans une phrase chinoise et les frontières entres les unités (caractères, mots, syntagmes et phrases) sont mouvantes.
Quand on fait l’analyse syntaxique d’une phrase en chinois, les marqueurs importants à tenir en compte sont l’ordre des mots et des particules, parmi d’autres facteurs. Il est important de noter que la conjugaison et la déclinaison n’existent pas en chinois. En outre, cette langue s’appuie fortement sur le contexte et le registre oral, malgré l’usage courant de nombreuses expressions idiomatiques (成语) riches en références culturelles ou historiques.
Pour conclure
J’ai tenté d’aborder un large sujet dans ce petit écrit pour vous aider à saisir la structure de cette langue si différente. Une bonne fondation consolidera le grand édifice de vos connaissances. Mais il est bon de rappeler qu’apprendre une langue, c’est un effort de longue haleine.
Pour terminer en beauté, je vous mets le caractère chinois le plus complexe, qui est une caricature dans son genre, et vous rassure que je ne sache l’écrire non plus 🙂 .